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Pablo Picasso

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Publié le 16 février 2012
Série Abstraction

(1881-1973)

Filmé en plongée, mettant en valeur des carrés rouges en mousse comme simple décor, ce podcast « cubiste » nous plonge réellement dans l’univers de Picasso.
Un défilement d’œuvres clé traversent l’image pendant que Michel Giroud tel un prisme en mouvement  déverse un bouillonnement d’idées rythmées, en 14 minutes! (2×7)

En complément Dossier réalisé par l’INA.

Transcription du Podcast :

« Picasso Picasso Malaga Malaga Andalucia 1881 – 1975 Plus de 90 ans en Provence Picasso va au Paradis! Je ne suis pas un cubiste, je ne suis pas un cubique, je ne suis pas un impressionniste, je ne suis pas un post impressionniste, pas un cézannien, un fauviste, ni un fauvien je ne suis pas un « iste »!
Je ne suis pas un dadaïste, je ne suis pas un surréaliste, je suis PICASSO. Je ne cherche pas, je trouve! Quand on se plonge dans la marmite énorme, c’est un véritable océan, où tous les fleuves tombent!

Picasso c’est exceptionnel : il meurt vers 92 ans mais il peint et dessine pendant 90 ans. Il commence à l’âge de 2 ans avant de savoir lire et écrire, il dessine déjà car son père est peintre. Et l’âge de 7 ans, il peint mieux les motifs des pattes de pigeons que de son père, et son père lui laisse le pinceau… A l’âge de 17 ans, il a déjà produit environ 10000 pièces, c’est une folie totale, il lègue un jour toute sa production de l’âge de deux ans à l’âge de 17 ans, avant qu’il vienne à Paris.
Picasso rentre à l’âge de 14 ans à l’école des Beaux arts de Barcelone, où son père est professeur avec une dérogation spéciale, puis l’année suivante il va à l’école d’art de Madrid. Les professeurs, le jury qui l’intronisent sont ETONNES. Il y a une épreuve qui en principe dure un mois, Picasso la réduit en une journée : du matin au soir, il ne cesse de peindre et de dessiner. Picasso a un double génie : ce talent permanent insufflé par une double, une triple inspiration par de multiples voies et en même temps, il a l’imagination c’est à dire la capacité de voir, la capacité technique de dessiner ce qu’il voit et cela sous des points de vues divergents. C’est pour cela qu’il est difficile d’évoquer Picasso, si on l’évoque par tranches successives. Aujourd’hui il faudrait dire que Picasso n’a pas de tranches successives, il a toujours 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, 6 ans. Il a cette FAIM gigantesque de saisir le monde, de MANGER le monde et de le resservir dans sa propre bouillabaisse
Picasso s’ennuie lorsqu’il voit qu’il risque de s’imiter lui-même D’où cette fameuse période qu’on nomme cubiste qui n’est pas cubiste, où Picasso montre l’objet qu’il soit un objet de la nature, ou un objet humain, ou un objet artificiel sous des perspectives complètement différentes. Il tourne autour
et en effet si vous essayez de regarder un arbre qui frémit au vent, avec les jeux de lumière, ça bouge sans arrêt, vous avez ici un au-delà du cubisme car Picasso est ici très rapide, vivant, concentré. Il va faire au cours de sa vie jusqu’à trois tableaux par jour, 50 dessins dans la journée; ce qui donne une œuvre gigantesque environ d’après le catalogue raisonné presque achevé aujourd’hui estime à 45 000 œuvres s’est absolument colossal Si vous allez à Barcelone, allez visitez le musée Picasso, de l’âge de 2 ans à l’âge de 18 ans.

Picasso arrive à Paris vers 1905, il ouvre son atelier au Bateau Lavoir. Là où il rencontre Braque son ami, ce sera un laboratoire, le workshop permanent où entre 1910 et 1914 où tous les peintres de l’Europe vont passer dans son atelier, on verra arriver là Arp, Tatlin, des russes, des allemands, des français, des italiens, des espagnols. Picasso n’est pas influencé par le futurisme, il est avant le futurisme On se pose toujours cette question : Picasso peintre, dans toutes les directions… Picasso dessinateur, metteur en scène de pièces grotesques, abracadabra. PICASSO ET PICABIA
PICASSO ET SATIE PICASSO DADA PICASSO CUBISTE PICASSO SURREALISTE OUI pas CONSTRUCTIVISTE NON! Il est insaisissable. Dans les années 30, il projette de stopper la peinture de devenir écrivain. Dans les années 2000, vont être publiés par Gallimard un livre de 800 pages consacré aux écrits. Il aurait pu devenir un écrivain comme Picasso aurait pu DEVENIR un dramaturge! Il n’a écrit que 2/3 pièces , il aurait pu se développer. Par exemple par « le désir attrapé par la queue », une pièce érotique phénoménale jouée pour la première fois juste après la guerre et qui fit scandale; il avait cette capacité de pouvoir changer de secteur en permanence.

On dirait que c’est un artiste polymorphe et pas transmédia, transfiguratif, en ébullition permanente, en captation permanente. Quand on regarde ses relations avec MODIGLIANI, CHAGALL, avec MATISSE; avec BRAQUE, LEGER, avec KANDINSKY, KLEE, il a cette particularité, cette capacité de sans cesse changer. Après la guerre de 14/18, lorsqu’il change de « braquet », les gens ne comprennent pas il fait du INGRES, non il ne fait pas du INGRES, parce qu’il mange toute la peinture classique, ancienne qu’il peut voir. Picasso est sans doute le premier artiste du XX° siècle a traverser les styles. Il n’a pas de style mais sa manière de bouillonner, il fait un travail transversal à travers le passé qui pour lui n’est pas le passé, qui est une sorte de présent permanent, et à la fois transversal dans son époque : il traverse le temps et l’espace; tous les tableaux de Picasso sont centrés, il ne peut pas abandonner la composition centrée, elle n’est pas décentrée. Malgré le fait qu’il voit l’objet sous toutes ses facettes, il est toujours centré. C’est très intéressant par rapport à MONDRIAN ou à DADA, Picasso n’arrive pas à faire éclater la composition, il la construit toujours autour d’un centre depuis les tableaux de fin XIX jusqu’à ses dernières toiles où il mange COBRA et l’EXPRESSIONISME et ressort tout ça selon son envie, car c’est l’EROS qui détermine Picasso : une sorte de FAIM ENORME et le projet fondamental et final quand il achète dans les années 50, le château de Vauvenargues pas très loin de la fameuse montagne de Cézanne, pas loin d’Aix-en-Provence, caché dans une petite montagne, il a un rêve celui de racheter toute son œuvre – car il est devenu le première peintre milliardaire – pour en faire lui-même son propre musée. Il réalise d’énormes et gigantesques collages. En consultant des photographies de son atelier où y découvre le Picasso secret , il aurait voulu en faire plutôt un LABORATOIRE, des formes de la vie, qui sans cesse sont en train de pousser dans toutes les directions… c’est que j’ai senti chez Picasso quand on voit le principe du collage et de l’assemblage, il faut s’y attarder : Picasso est à la source du bouleversement complet du XX siècle : assemblage qui se désassemble et se recompose sans arrêt jusqu’à pouvoir s’exposer dans un musée impossible qui est est finalement proche de la conception MERZ de Schwitters : pas de séparation entre le dessin, la représentation, l’abstraction, l’extériorité, l’intériorité, tous les moyens sont bons : Picasso ne rejette rien, il remixe tout : c’est une énorme mixeur : c’est un EPIDEMIQUE : ça bourdonne comme une ruche mais il n’y aurait pas qu’un seul type d’abeille qui ne ressemble pas à des abeilles où butineraient et s’entrecroiseraient des abeilles-licornes, des abeilles-lion, des abeilles-léopard, des abeilles-taureau, de toutes les formes. Picasso nous donne cette sensation, cette impression que c’est ça la vie : un foisonnement absolument énorme; on ne peut pas présenter PICASSO. On ne peut pas analyser Picasso, il faut comme lui plonger dans la vie, essayer de voir les pattes de pigeons, les ailes, les variations du soleil sur les ailes de pigeons, les miroitements et là vous avez des tableaux permanents dans toutes c’est ça PICASSO, c’est pour ça que j’essaie de jouer de la double trompette. »

BIBLIOGRAPHIE : Retrouvez les ouvrages de la médiathèque sur le catalogue.

Retrouver quelques pages sur le site de l’éditeur et un entretien radiophonique avec les auteurs.

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