Ce document a été numérisé dans le cadre du projet international EUCIDA (2017/2020) regroupant l’Espace multimédia Gantner (France), Ruared (Dublin, Irlande), Luznava Manor (Rezeknes, Lettonie)

EUCIDA (EUropean Connection In Digital Art), des connexions européennes pour les arts numériques, est un projet sur trois ans, financé par creative europe, porté par le centre d’art RUARED (Irlande). Ce projet a pour objectif à travers une plateforme collaborative, de rendre plus visible internationalement, le champ des arts numériques et ses pratiques innovantes afin de les développer d’avantage et durablement.


En Egypte il y a 5000 ans, où n’était pas en jeu un conflit sociologique, art-science-technologie et religion se combinèrent pour créer un monde magnifique, tout « environnemental », alliant art, croyance et imaginaire. A l’aube de notre temps, Léonard de Vinci -une personne, un esprit, un chercheur, un créateur – fut l’un des fondateurs de la science et de la technique modernes en même temps
que l’un des fondateurs de l’art moderne. Ses moyens cependant étaient entièrement « traditionnels », sa vision « conceptuelle ». Lorsque le « temps » fut dépassé par la « vitesse », l’électricité et la photographie changèrent le monde. Le « processus indirect » et le »transport indirect » devinrent la pratique constitutive de la « relativité », la réalité du vol, de l’orbite, de la transmission et de l’information simultanée. Aujourd’hui, 150 ans après l’avènement de « l’image instantanée » et de la » multiplication instantanée » nous profitons – en même temps que nous la subissons – de la communication globale ainsi qu’interstellaire.

L’une des théories de l’art du vingtième siècle, aussi contestable qu’elle puisse être, consiste à envisager une évolution où l’art passerait téléologiquement de la fragmentation d’images au balayage d’écran en continu ( rasterization ) pour aller vers un transport « immatériel » de pixels, c’est à dire une distribution « intemporelle » d’images via une diffusion électronique s’adressant à une multitude « en un rien de temps ». On s’est préoccupé un temps de la méthode et des « phénomènes »- il est temps maintenant de passer aux images.

Quand et où la « création dynamique d’images » a t’elle commencé? Avec Muybridge, Balia, Delaunay? Avec Eggeling, Richter ou Moholy? Avec « l’art cinétique » ou le « light art » des années 1950 ou 1960? Lorsque EAT – Experiments in Art and Technology – fut fondé par Robert Rauschenberg et Billy Klüver et le MIT Centre for Advanced Visual Studies par Gyorgy Kepes? Au moment où, douze ans plus tard, au milieu des années 70, on déclara que l’art cinétique et vidéo étaient morts? Fut-ce lorsque Paik et Charlotte Moorman jouèrent « TV Bra »? Lorsque Boulez et Stockhausen créèrent la musique électronique? Ou bien au moment où Sony se mit à apporter son soutien à l’art (suivi par IBM, Digital, Siemens, Thomson)?

Au cours du dernier quart de siècle, quatre médias technologiques sont déjà devenus des « classiques ». vidéo, ordinateur, laser, holographie; d’autres sont en train de se constituer en champs très larges : l’art environnemental, le sky art /space art, l’art bio-cinétique. La nécessité d’un effort et d’une collaboration intégrés correspond à la fois au besoin fondamental qu’éprouve l’homme de se sentir solidaire et de communiquer et au désir de création qu’attisent le vivant et le vivace.

Otto Piene
texte de premier Guide International des Arts Electroniques
(Ed.Kanal, Paris Septembre 1990)

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